Peut-on emmener les spectateurs en voyage, quand on est soi-même l’étranger ?
Peut-on partager une histoire quand on ne partage pas la même langue ?
« Quelques Pistes », c’est la recherche d’un spectacle au-delà des mots, où la musique et l’envie de se rencontrer permettent de braver les frontières.
– Face A
Dans « Quelques Pistes, Face A », Wang et Anatole attendent en vain Léonie tout au long du spectacle. Ils comblent son absence par leur récit du voyage vers la Chine, retour vers sa patrie pour Wang, et perte des repères pour Anatole.
Anatole et sa mandoline
Deux personnages en quête d’un troisième. Dès l’entrée dans la salle, nous sommes accueillis par Anatole, personnage affable et bienveillant, mais inquiet car Léonie n’est pas encore arrivée. Il nous demande si nous ne l’avons pas croisée, il échafaude plusieurs hypothèses expliquant son retard, il cherche à se rassurer et à nous rassurer. Heureusement Wang est là. Il nous accueille de sa voie forte en parlant anglais. Tout le monde ne comprend pas l’anglais, mais chaque devine à travers sa gestuelle ce que Wang veut nous dire. Un prélude en quelque sorte, peu importe la langue parlée il existe d’autres langages qui permettent de découvrir d’autres mondes, de comprendre d’autres hommes.
Wang nous initie au voyage à venir en nous offrant du thé.
Autre rituel venu d’ailleurs, il nous faut écrire un vœu sur une petite bande de papier appelée omikuji au Japon, que nous nouons sur un fil. Les omikuji sont des prédictions que l’on tire au sort pour savoir si son vœu sera exaucé. Mais la chance n’est pas toujours au rendez-vous !
Avant même d’entrer dans la salle, nous sommes donc partie prenante dans l’aventure que nous allons vivre.
Anatole chante en s’accompagnant avec une mandoline qui semble se métamorphoser en d’autres instruments au fur et à mesure des passages de frontières. C’est un personnage étrange, habillé en costume noir, les cheveux au vent le visage transparent et éthéré, plein de finesse et de gentillesse. Il arrive à maîtriser toutes les situations passant d’un chant à un autre, d’une mélodie à une autre tantôt dévalant tantôt remontant la courbe enjouée des notes et des gammes.
Mais heureusement Wang est là. Plus Anatole se dirige vers l’est, plus il franchit les frontières, plus Wang devient indispensable. Compagnon de voyage, complice mystérieux derrière son masque et son langage masqué.
Wang, son archet et sa valise
Peut-on emmener les spectateurs en voyage, quand on est soi-même l’étranger ?
Anatole, Wang, à la fois voyageurs et autochtones. Qui est Anatole lorsqu’il nous offre un verre de vodka : un citoyen russe ou un voyageur qui partage sa découverte avec nous les spectateurs ? Qui est Léonie quand elle prépare le rituel du thé ? Une voyageuse originaire du nord de l’Europe ou une japonaise initiatrice ?
Peut-on partager une histoire quand on ne partage pas la même langue ?
Il y a la langue, mais lorsqu’on ne la parle pas, il y a les divers systèmes de signes entre les hommes qui permettent d’établir entre eux, où qu’ils se trouvent un fil de communication. C’est ce que nous a permis de découvrir la Face A.
– Face B
Après le départ de Wang, nous faisons enfin la connaissance de Léonie. Anatole est ravi.
Léonie et le rétroprojecteur
Tous les deux, ils vont parcourir côte à côte le voyage de retour. Avec nous, ils découvrent entre autres :
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les hémiones de Mongolie, sorte d’ânes sauvages dérivés de l’onagre,
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la yourte dans laquelle nous sommes invités pour déguster un breuvage très prisé, une petite cuiller a suffi,
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le rituel de la cérémonie du thé appelé au Japon le chanoyu, dans lequel le maître du thé prépare le matcha (thé vert)
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la Chine et les paroles d’un chant mimé par Léonie, Anatole et tous les spectateurs, moment mémorable !
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les légendes du lac Baïkal, en Sibérie…
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quelque danse polonaise, mazurka peut être !