Centres-villes
Où sont passés les commerces ?
Vitrines taguées, commerces qui ferment les uns après les autres, rues désertes… le spectacle qu’offre le centre de nombreuses villes françaises est alarmant. Pourtant, les citoyens ne baissent pas les bras et des initiatives se multiplient pour leur redonner vie.
Le vent tourne
Pas étonnant, dans ces conditions, que des citoyens excédés prennent la parole et multiplient les initiatives pour stopper l’extension des zones commerciales. À Saillans (26), bourg de 1 240 habitants, la fronde populaire a réussi à faire plier les grandes enseignes, qui ont abandonné le projet de zone commerciale.
À Tournus (71), l’association « Tournugeois vivants » et ses 450 adhérents ont décidé de se battre contre l’implantation d’une nouvelle zone commerciale, portée par le maire, qui pénaliserait fortement le centre-ville. L’association, par l’intermédiaire de deux élus, a interpellé Jean-Michel Baylet sur ce projet. Dans sa réponse, le ministre de l’Aménagement du territoire reconnaît que « ce projet commercial d’envergure comporte un risque important de concurrence avec les commerces du centre-ville alors que la ville a été retenue […] pour la revitalisation d’un centre bourg ! » Une réponse qui met en lumière les contradictions de l’action des pouvoirs publics.
Mais le vent est peut-être en train de tourner. L’avenir des centres commerciaux périurbains n’est plus aussi radieux. « On a ouvert en France 30 millions de mètres carrés de surfaces commerciales entre 2000 et 2010, l’équivalent des trente années précédentes, sans que la consommation suive. Il y a un effet de saturation », remarque Pascal Madry. Le système est en train de se fissurer et les grands acteurs de la distribution ne sont plus à l’abri des retournements de situation. Pour preuve les récentes difficultés du groupe Vivarte, dont les enseignes (André, Kookaï, La Halle, Naf Naf, Pataugas, Chevignon…) ont envahi la périphérie de nos villes. Début janvier, à deux doigts de la faillite, il a été contraint d’envisager un plan social d’urgence avec la fermeture d’une centaine de magasins et le licenciement de plus de mille employés. Or, avec plus de 3 000 magasins en France et 17 000 salariés, le groupe est un poids lourd de la distribution dans les zones commerciales. Sa disparition aurait des conséquences dramatiques pour l’emploi dans de nombreuses communes.
Reste que nous votons aussi avec nos Caddie
et que la conscience citoyenne des consommateurs est l’arme la plus sûre pour redonner vie à nos centres-villes. C’est en soutenant toutes les initiatives, privées comme publiques, que nous ramènerons l’activité et l’animation autour de nos places. L’avenir du mode de vie à la française en dépend !