Archives mensuelles : novembre 2021
« L’HOMME QUI PLANTAIT DES ARBRES » AUX ACCORDS DU LION D’OR, A SIMANDRE
La nouvelle de Jean Giono
Très belle soirée ce samedi 19 novembre dans la belle salle des Accords du Lion d’Or à Simandre. A l’affiche « l’Homme qui plantait des arbres » de Jean Giono, un texte en symbiose totale avec les activités du Lion d’Or.
Dans la salle, plus une place de libre, une atmosphère chaleureuse, un peu mystérieuse. Sur scène un « explorateur » silencieux, écrivant…, absorbé dans ses pensées. Ces prémices génèrent chez les spectateurs, d’emblée une posture d’écoute empathique. « Atmosphère, atmosphère… »! La magie du Lion d’Or… encore une fois elle était là.
Le thème
À l’aube du XXe siècle, un marcheur parcourt les paysages d’une Provence déserte. Il nous raconte sa rencontre avec un homme solitaire, Elzéard Bouffier qui chaque jour plante des centaines et des centaines d’arbres. Quelques années plus tard, après la guerre, notre narrateur promeneur revient dans ce pays provençal et découvre une magnifique forêt : des chênes, mais aussi des hêtres et des bouleaux. D’année en année, la forêt s’étend, permettant à toute la région de revivre. Œuvre majeure, en particulier devant l’urgence écologique, cette fable nous parle de manière poétique de notre lien à la nature, sa nécessité et sa beauté.
La mise en scène et le jeu d’acteur
Après un silence prolongé de l’homme sur scène, nous avons assisté, ou plutôt participé, à une mise en théâtre de la nouvelle de Jean Giono, très inventive, à la fois pleine d’émotion et de retenue. L’accompagnement du texte par des images très symboliques rend très accessible un texte étonnamment actuel qui nous parle de la nature, de la terre, des arbres et d’un homme simple… « qui en sait plus que tous les autres » et qui œuvre en silence à une re-création des paysages qui l’entourent.
Le temps s’écoule, les arbres semés par milliers poussent, l’homme prend de l’âge mais il continue à planter, ignorant les affres des deux guerres… Il continuera jusqu’à la fin de sa vie.
J’ai particulièrement apprécié l’épisode cocasse où politiques et techniciens se rendent sur le site pour louer le travail de l’homme.
Le jeu d’Aurélien Serre, qui s’inscrit dans le rythme du livre et dans celui de la nature, distille le texte en l’accompagnant d’une gestuelle symbolique émouvante. Il exprime sa recherche d’acteur en ces termes : « Aujourd’hui je cherche à comprendre et à transposer sur la scène ou à l’image, les méandres du genre humains. Une recherche épineuse et toujours en mouvement me rappelant que cet art de la comédie se tisse toujours en rapport avec son public, à qui je m’efforce d’offrir une place de réflexion centrale dans mes créations. »
Les projections d’images sur la toile de la tente viennent prolonger les gestes de l’homme sur scène apportant une dimension visuelle et imaginaire dans laquelle le spectateur se lance avec bonheur… les arbres grandissent, ils fleurissent.
Une vraie réussite, bravo à Aurélien Serre, bravo à Catherine Demeure et Marie Rouge qui ont assuré la direction artistique et qui ont réalisé une composition théâtrale remarquable, et à Isabelle Picard et Julie Halbrun.
G.M.
Prochain événement aux Accords du Lion d’Or
CONCERTO POUR SOKU – Dimanche 19 décembre à 17h00.
Musiciens : Clément Janinet : violon /composition; Adama Sidibe : soku; Clément Petit : violoncelle.
L’idée de «Concerto pour Soku» est de mettre en valeur le violon traditionnel d’Afrique de l’Ouest, de battre en brèche la sempiternelle question : « Ah bon ? Il y a du violon en Afrique ? », et de proposer une musique, à l’instrumentation chambriste, à la croisée des chemins entre la musique improvisée européenne, et la tradition millénaire des violons d’Afrique Sub-saharienne.
ON A PARLE DE DEMOCRATIE PARTICIPATIVE HIER A MACON
Ce jeudi 18 novembre l’Université populaire de Mâcon organisait à la MJC Héritan une conférence de Fernand Karagiannis, ancien élu de Saillans, intitulée « Voter et après ».
Chacun sait qu’à Saillans, village de 1240 habitants, situé dans la Drôme entre Crest et Die, les habitants ont conduit une expérience de démocratie participative locale entre 2014 et 2020. Au départ un projet de supermarché menaçait le « bien vivre au pays ». Le maire était pour, les habitants contre. Des citoyens se sont présentés aux élections municipales. Leur liste a gagné et, depuis, la révolution participative est en marche. L’analogie avec Tournus et le combat de Tournugeois Vivant contre l’implantation d’une zone commerciale et d’un hypermarché Leclerc au Nord de la ville, est plus qu’évidente. D’ailleurs des liens avaient été noués entre la nouvelle municipalité de Tournus et celle de Saillans. Analogie aussi avec Mancey, village de 400 habitants situé à 5 km à l’ouest de Tournus, qui s’est doté d’une Assemblée des Habitants depuis 2016. L’un des habitants de Mancey a décrit brièvement le projet de démocratie locale à Mancey et a rappelé que ce village a été choisi par la Région BFC comme « Village du Futur ».
Fernand Karagiannis a détaillé devant l’auditoire les différentes étapes du projet de démocratie locale de Saillans.
Il a d’abord présenté un schéma du fonctionnement de la participation citoyenne :
Il a insisté sur 3 éléments de base :
1/ Collégialité dans le fonctionnement municipal avec une forte participation des habitants.
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- des compétences et des indemnités réparties
- des responsabilités exercée en binômes pour éviter toute prise de pouvoir
- un comité de pilotage public
- des outils de travail collaboratifs (site Internet, moyens informatiques et méthodologiques)
2/ Co-construction des projets municipaux avec les habitants
Les habitants peuvent s’impliquer et donner leur avis sur la gestion communale
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- des Groupes Action Projet
- un dispositif de votations et sondages de la population
- des commissions participatives sur différents thèmes, animées par des élus « référent », qui se réunissent une fois par an et envisagent des actions à mener dans la commune pour chacun des domaines ci-dessous :
- enfance, jeunesse, éducation,
- associations, sports, culture et patrimoine,
- vivre longtemps au village, santé et action sociale
- environnement, énergie et mobilité
- finances et budget
- transparence et information
- l‘observatoire de la participation, instance chargée d’étudier la forme des dossiers à laquelle participaient une douzaine d’habitants et d’habitantes volontaires. Objectif : acter d’une véritable participation citoyenne dans les faits.
- veille sur l’implication citoyenne
- rôle de formation des animateurs (mise à disposition d’un chargé de mission financé par la Fondation de France)
- organisation de réunions de quartiers
- essaimage de la démocratie citoyenne
- propositions d’innovation en matière de participation citoyenne : par exemple comité de pilotage citoyen (12 habitants tirés au sort, 4 élus, 2 agents
3/ Transparence : 3e pilier de la gouvernance
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- des comptes rendus de toutes les réunions
- des lettres d’information municipale
- un site internet
- des panneaux d’information de quartier
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Parmi les dossiers importants qu’ont eu a traiter élus et habitants à Saillans, le projet de Plan Local d’Urbanisme est celui qui a déclenché le plus de débats et qui a nécessité le plus d’énergie.
UN DOSSIER IMPORTANT : LE PLU
L’IMPACT DU PROJET DE PARTICIPATION CITOYENNE A SAILLANS
Précisons que la liste de Fernand Karagiannis n’a perdu les dernières élections municipales qu’avec 18 voix d’écart.
Aujourd’hui une associations s’est constituée pour faire perdurer cette belle participation citoyenne.
CINE-DEBAT TRES INTÉRESSANT A LA PALETTE : AUTOUR DU FILM « DOUCE FRANCE »
Mardi 16 novembre un ciné-débat a été organisé au cinéma municipal « La Palette » autour de l’excellent film de Geoffrey Couanon intitulé « Douce France ».
Cette projection était organisée par la ville de Tournus, Tournugeois Vivant et Economie Solidarité Partage, avec la participation d’autres associations œuvrant pour une alimentation saine et locale : Terre de Liens, La Cagnotte Solidaire, Semeurs du Possible, AMAP, le SEL… et Cinémascotte. Line Pageaud, conseillère municipale, 2ème adjointe, a prononcé quelques mots d’accueil.
Ce ciné-débat animé par Céline Braillon s’inscrit dans la démarche de développement d’une alimentation saine sur le territoire qui s’est incarnée principalement dans le programme national POPSU Territoires.
Synopsis du film Amina, Sami et Jennyfer sont lycéens en banlieue parisienne, dans le 93. Le projet prévoit initialement l’implantation de 500 boutiques, une piste de ski, un parc aquatique… La fréquentation espérée est de 30 millions de visiteurs/an. Une des questions posées par le film est : a-t-on le pouvoir d’agir sur son territoire quand on a 17 ans ? |
Trois groupes d’élèves du Lycée Horticole et du Paysage de Tournus avec leur professeure Nathalie Betry ont préparé le débat. Qu’ils en soient vivement remerciés.
Le premier groupe a présenté un travail de réflexion sur les avantages et inconvénients du projet Europa City, et chaque élève a livré ses impressions personnelles.
Le second groupe a réalisé un « retour à chaud » après la projection du film :
- la diversité des points de vue exprimés a été appréciée,
- des élèves sont surpris par ceux qui, dans le film, pensent que la biodiversité ça n’est pas important,
- la vision de la vie des élèves dans le film permet de mieux comprendre leur point de vue : « comment leur point de vue a évolué au cours du film, les échanges avec leurs parents, avec des acteurs du projet »,
- le fait que des jeunes soient contre le projet et qu’ils cherchent à « protéger l’écologie » est surprenant,
- le fait également que les travaux de forage aient commencé avant même que le projet soit validé.
- le film a permis aux élèves de rencontrer beaucoup d’acteurs, agriculteurs, Amap, directeur de centre commercial, responsable du projet EuropaCity, associations opposées au projet, également des députés à l’Assemblée Nationale. Ils ont pu se forger un avis grâce à l’enquête qu’ils ont menée auprès de personnes qui savent de quoi elles parlent. Ils ont réfléchi également à partir de ce qu’ils ont vu eux-mêmes. C’est ce que groupe d’élèves de Tournus a retenu du film.
Enfin le troisième groupe a posé des questions pertinentes pour lancer le débat avec la salle.
- Est-ce que le lieu de vie impacte la perception de ce projet ?
Les interventions dans la salle ont confirmé que le lieu de vie avait un impact important sur la perception du projet. Selon qu’on habite une très grande ville ou un village à la campagne, les réactions diffèrent. Le rapport à la terre est différent selon qu’on habite une ville de banlieue parisienne comme Gonesse ou un village de Saône et Loire.
Problème à multiples facettes, lié aux générations, à la culture, à l’éducation.
- Est-ce que le respect de l’environnement c’est important ?
Oui, mais aussi plus largement l’imbrication des enjeux économiques et sociaux aux enjeux écologiques
- Est-ce que le public a évolué entre le début et la fin du film ?
On peut déjà se poser la question de l’évolution du point de vue des élèves dans le film.
Ces élèves ont eu de la chance de pouvoir rencontrer les différents acteurs du projet. « Cette chance vous les jeunes ici présents vous l’avez, nous l‘avons tous. Il faut chercher à s’informer. Vous serez acteurs du monde de demain seulement si vous savez, si vous avez la connaissance, comme le montre ce film. »
L’important a été le travail d’enquête conduit par les jeunes et leurs professeurs. Avant d’aborder un sujet, il est essentiel de s’informer.
Comment s’informer ? En enquêtant sur le terrain auprès des acteurs concernés aussi bien les promoteurs du prêt que ceux qui auront à en subir les conséquences.
Au fur et à mesure du déroulement de l’enquête sur le terrain, des rencontres, des échanges avec les parents et des échanges au sein de leur classe, on observe une évolution des points de vue des jeunes dans le film.
Un intervenant a souligné l’importance de l’école et le rôle des enseignants. Le film est un bel exemple du boulot qu’ont fait les enseignants dans le film et sur le territoire.
Dans la salle on a rappelé l’importance de ce travail d’enquête. Ce même type de travail qui a été mené pour s’opposer au projet d’un hypermarché Leclerc en zone Nord de Tournus. De nombreux acteurs et personnes impactées par ce projet ont été interrogés. Les acteurs politiques et économiques ont été enquêtés, les médias se sont emparés de la question. Ce travail a permis aux opposants regroupés au sein de Tournugeois Vivant de contrer le projet défendu par la ville de Tournus à l’époque et par un promoteur privé.
Le projet Eclat de parc historique à Tournus a été évoqué dans la salle, certains élèves ne sont pas au courant. L’absence d’information du public a été soulignée.
S’agissant du projet EuropaCity, le dossier n’est pas clos. Le projet de construction d’une gare RER en plein champ est maintenu et qui dit gare dit activités économiques et logements à proximité. Une association CARPA s’est créée.
- Est-il possible de faire coexister un projet d’agriculture paysanne et le projet EuropaCity sur le même territoire occupé aujourd’hui par des terres agricoles ?
Un intervenant a précisé que ce n’était pas possible, car les deux logiques s’opposent. L’une s’appuie sur la qualité de la production agricole, sur la nécessité de nourrir les populations urbaines et sur le respect de la biodiversité, l’autre est strictement financière, elle consiste pour les promoteurs privés du projet (Auchan et le groupe chinois Wanda…) à rentabiliser au maximum un investissement de 3,1 milliards d’€.
En novembre 2019, le projet EuropaCity a été abandonné par les pouvoirs publics. Mais le projet de construction d’une gare RER au milieu des champs est maintenu !
Un projet agricole de l’association Carma propose l’installation sur le site du triangle de Gonesse d’activités maraîchères et horticoles, dans une dynamique de circuits courts. « Il faut protéger ces terres » qui peuvent devenir « une vitrine aux portes de Paris » et « le monde de la transition écologique est prêt » à s’y investir précise CARMA.
A noter qu’il y a également un projet de Zac de 110 hectares pour accueillir des équipements publics et des projets allant de l’industrie à « l’agriculture urbaine ». (Note de TV)
G.M., C.B.
MANCEY : CONFERENCE DE PRESSE DE L’ASSEMBLÉE DES HABITANTS
Ce mardi 16 novembre, l’Assemblée des Habitants de Mancey a donné une conférence de presse sur le thème :
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Notre capacité à définir ensemble notre devenir collectif en zone rurale
L’Assemblée des Habitants de Mancey a organisé en automne 2019 une grande consultation des Mancéens sur ce qu’ils attendaient du devenir de leur commune. Plus de la moitié y a participé soit davantage que de votants lors des dernières européennes et départementales.
Quatre projets ont émergé : circuits courts et espace commun pour favoriser les rencontres, créer des liens, des animations ; un projet « Bien vieillir à Mancey ; des énergies renouvelables ; l’aménagement de la zone humide. Des groupes d’habitants ont travaillé ensemble sur ces projets, mêlant l’expérience des habitants plus anciens et les attentes de celles et ceux qui ont fait le choix de venir vivre en village rural. Il faut mesurer ce que représente l’élaboration de ces projets et l’intelligence collective déployée pour développer et innover en matière de vivre ensemble en zone rurale. Cette activité contribue à resserrer les liens, à faire communauté entre anciens et nouveaux habitants.
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Une conception centralisée de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire
Or ces projets sont maintenant mis en question : le projet de PLUI – Plan Local d’Urbanisation Intercommunal – en cours d’élaboration, énonce le principe de la synergie « Villes-centres et villages ruraux » en insistant sur le caractère indispensable des villes-centres ou « polarités urbaines » dans le langage du PADD (Plan d’Aménagement de Développement Durable ».
Mais le mot synergie doit jouer dans les deux sens : Ville-centre/village mais aussi Village/ville centre
Et cela d’autant que les nouveaux flux de population, notamment depuis la crise du Covid, vont plutôt des villes et même des bourgs vers les villages ruraux. A Mancey, dont la population croît depuis 20 ans, parmi les arrivés les plus récents, il y a des gens de Mâcon, Lyon ou Paris. Ce mouvement de population est à prendre en compte : il génère de nouveaux besoins pour les villages concernés.
Au nom de la non-artificialisation des terres (loi ALUR) il faut, soit combler les « dents creuses » dans les villages et dans les bourgs, soit, au contraire, préserver de nouveaux espaces entraînant « de facto » la non constructibilité de certains terrains privés et donc l’appauvrissement de leurs propriétaires.
Mais les règles d’urbanisme n’empêchent pas la création de parcs de loisirs ou de plateforme logistique – pas loin d’ici (!) –pour ne prendre que ces exemples !!
Alors préservation des terres agricoles, bien sûr que oui, mais pour tout le monde !
En application du SCOT – Schéma de Cohérence Territoriale du Chalonnais, les villages ne peuvent plus créer de zones artisanales : le SCOT prévoit en effet de réserver aux villes-centres l’implantation de nouvelles zones. Dans les villages, seul le maintien des activités artisanales existantes est prévu.
Nous avons la chance dans notre village d’avoir de nombreux artisans : plombiers, maçons, ébénistes, ameublement, etc. Concrètement cela veut dire que notre village ne pourra pas accueillir de nouveaux artisans. Mais est-ce que, dans le futur, « maintenir les activités existantes » ne voudra pas dire que, lorsque les artisans actuels prendront leur retraite, leurs successeurs seront obligés de s’installer dans la ville-centre, désertifiant le village ?
Le risque de tout cela est que, à terme, la ruralité risque de se réduire à des villages fantôme ou, faute de maintien sur place des jeunes du pays, à des villages cimetières pour reprendre une expression entendue ici.
En contradiction totale avec les impératifs de la transition écologique les services de proximité disparaissent dans les villages, quelle chance pour la voiture !!
Des études font remarquer qu’en Saône et Loire on utilise trop la voiture…et pour cause s’il n’y a plus rien dans les villages et qu’ils ne sont plus que des dortoirs…
Quelle cohérence des politiques publiques ?
Où est la logique de tout cela ?
On nous dit qu’on ne peut pas revenir en arrière et qu’il faut innover. Mais qui parle de revenir en arrière ou d’avoir un boucher dans chaque village ou encore de vivre en autarcie ?
L’innovation ce n’est pas seulement la technologie, c’est le brassage social, la convivialité grâce à des lieux et activités diverses, le développement de l’autonomie énergétique, la préservation des équilibres environnementaux.
Or sans activités les villages n’ont plus les moyens d’être entretenus, d’autant que l’Etat se désengage de ses responsabilités.
Il y a deux poids deux mesures sans que l’on comprenne la cohérence des décisions qui nous sont imposées.
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L’urbanisme officiel est pensé, au contraire de toute pratique collective, sur la centralisation du pouvoir de décision
Nous sommes face à la perte de maitrise de la population sur ses sols et cette perte va concerner l’avenir même de tous nos villages, Mancey n’est pas une exception.
Au nom de la décentralisation (Loi Notre) c’est le contraire de la concertation qui se produit. Les élus locaux – y compris les Communautés de Communes – perdent toute marge de manœuvre qui leur permette d’être à l’écoute de leur population, ils n’ont que la liberté de transmettre aux habitants les décisions conçues sur la base de contraintes réglementaires invoquées par des cabinets d’études auxquels l’Etat a, de fait, donné des pouvoirs exorbitants. Plus grave, on demande aux élus leur vote, vote contraint, mais sur lequel on s’appuiera pour dire : « nous vous avons consultés, le PLUI c’est vous qui l’avez accepté !! »
Tout ceci va à l’encontre de l’évolution de la société. Il y a une contradiction aveuglante entre le fait que la vie se développe à partir des initiatives des personnes et les contraintes imposées par l’hypercentralisation.
La modernité, c’est la démocratie à la base, or il y a là une forme de fonctionnement de de gouvernance fondés sur la plus grande opacité : on ne sait plus très bien où sont les lieux de décisions, à qui s’adresser, ni, au final, quel est le projet. pour nos territoires.
Ainsi avant même l’enquête publique annoncée, au nom des contraintes réglementaires à venir, il y a déjà des projets « retoqués » comme contraire à des décisions non encore prises. Étrange conception du droit que d’appliquer une décision avant qu’elle ne soit votée. Eloignant encore d’avantage les citoyens de toute possibilité que leur intervention soit suivie d’effet. Tout est fait pour nourrir un sentiment d’impuissance.
Ces constats sont vrais pour tous les villages ruraux et si nous faisons cette conférence de presse c’est avec le souhait que, ensemble, nous puissions faire bouger cela.
LOI EGALIM 2 DU 18 OCTOBRE 2021 – MESURES CLÉS
La loi du 18 octobre 2021 visant à améliorer la rémunération des agriculteurs complète la loi du 30 octobre 2018 dite désormais Egalim 1.
C’est une loi dont les dispositions sont complexes. Des décrets d’application sont parus au JO dès la fin du mois d’octobre.
Contrats écrits de vente de produits agricoles obligatoires
- Conclusion de contrats écrits et pluriannuels (sur 3 ans minimum) lors de la vente de produits agricoles entre un producteur et son premier acheteur.
- Clause de révision automatique des prix dans ces contrats afin que les agriculteurs puissent répercuter d’éventuelles hausses des coûts de production.
- Expérimentation d’une clause dite de « tunnel de prix » avec des bornes minimales et maximales à l’intérieur desquelles pourra varier le prix convenu. La filière bovine sera prioritairement concernée.
Coût des matières premières agricoles rendu non-négociable
- Non-négociabilité, entre les industriels et les distributeurs, de la part du prix correspondant au coût des matières premières agricoles. Concerne tous les produits alimentaires, quelle que soit la part de produits agricoles dans le produit fini.
- Encadrement des produits alimentaires vendus sous marque de distributeur (MDD). Ces contrats devront comprendre une clause de révision automatique des prix en fonction de la variation du coût des matières premières agricoles supporté par le fabricant.
- Certaines filières de fruits et légumes seront exclues à titre expérimental du relèvement du seuil de revente à perte introduit par la loi EGAlim.
Comité de règlement des différends commerciaux agricoles
Un comité de règlement des différends commerciaux agricoles est créé. Il pourra être saisi en cas d’échec de la médiation et pourra prononcer des injonctions et des astreintes.
Affichage sur la rémunération des agriculteurs : le « rémunéra-score »
- Expérimentation pendant 5 ans de l’affichage de l’impact des prix des produits agricoles et alimentaires sur la rémunération des agriculteurs, dans la filière viande bovine, les produits laitiers et certaines productions issues de l’agriculture biologique..
- « Rémunéra-score » pour mieux informer les consommateurs et inciter les plateformes de vente à garantir une juste part de la valeur aux agriculteurs.
Etiquetage des produits alimentaires
- Obligation d’indication du pays d’origine
- Renforcement de l’affichage de produits comme le cacao, le miel, le vin et la bière.
- Interdiction de faire figurer un drapeau français, une carte de France ou tout symbole représentatif de la France sur les emballages alimentaires lorsque les ingrédients primaires ne sont pas d’origine française.
- Obligation pour les « dark kitchens » (restaurants sans salle dédiés aux repas à emporter ou à livrer) d’indiquer clairement aux consommateurs la provenance des viandes qu’elles vendent.
- Obligation d’indiquer l’origine des viandes aux viandes utilisées en tant qu’ingrédients dans des préparations et des produits à base de viande tels que les saucisses, nuggets, jambons, boulettes.
LA TOGUNA A FAIT SALLE COMBLE A CUISERY
Ce samedi 13 novembre l’association « la Toguna » organisait une soirée publique en 3 temps, animée par Jean-Paul Pin :
1/ Facettes de l’Afrique
Nous avons assisté à la projection de 2 films documentaires du réalisateur Simon Panay, originaire de Sologny en Saône-et-Loire, qui était présent dans la salle pour répondre aux questions des spectateurs.
– Le premier film intitulé « Ici personne ne meurt » a été tourné dans le nord du Bénin dans la mine d’or, officieuse, de Perma. Parmi les personnages réels du film, il y a ceux qui rêvent de trouver de l’or et ceux qui se sont rendu compte qu’il n’y avait rien à trouver. Il y a ceux qui creusent dans la mine dans l’espoir de devenir riches et ceux qui sont morts en pensant devenir riches. Et puis il y a les autres qui disent qu’ici, personne ne meurt.
La qualité des images est remarquable et le film contient un vrai élan qui fait que notre attention est permanente. Diversité des acteurs locaux, diversité de points de vue incarnant un récit séculaire entre ceux qui possèdent et qui exploitent, et ceux qui travaillent comme des bêtes, portés par leur imaginaire et par leur croyance en un Dieu omniprésent qui à la fois explique et justifie toutes les souffrances, tous les abus.
Pour Sylvain Ménard (Ciné Ma Radio) : « On aura compris qu’au-delà du sujet du film, l’orpaillage et les gens qui risquent leur vie, le réalisateur accompagne ces gens, les observe et les met en scène, leur donnant librement la parole. De ces discussions ressortent ces deux éléments que sont : la mort et l’absence de mort, cette « non disparition », vécue comme une fatalité ; et dans le même temps cette possibilité (quand bien même elle les mènerait à la mort) de gagner leur vie, même dans des conditions extrêmes et au péril de cette dernière ! »
Simplicité des propos, simplicité de ceux qui s’expriment tout au long de ce film qui nous interpelle et en tout cas qui donne un sens aux engagements des associations comme La Toguna.
Ce film a été présenté dans 320 festivals, dans 70 pays à travers le monde. Il a obtenu de nombreuses récompenses.
– Le second documentaire du même réalisateur intitulé « Waiting for the (t)rain » a pour sujet la vie d’un petit village perdu dans un désert de poussière, dans la brousse du Burkina Faso au milieu du royaume Mossi. À quelques pas du village passe le train de la ligne Bolloré Abidjan- Ouagadougou, deux fois par semaine.

Lors d’un voyage en train entre Bobo Dioulasso et Ouaga, le réalisateur qui venait de terminer son premier documentaire au Burkina a été intrigué par le fait qu’au moment où le train traverse la brousse du plateau Mossi, à proximité d’un village, les voyageurs se mettent à jeter par les fenêtres des bouteilles d’eau et des fruits, préalablement achetés en Cote d’Ivoire ou à Bobo. En fait, cette pratique constitue le principal revenu de ce village et l’unique ressource en eau pendant la saison sèche.
L’eau est en effet de plus en plus rare dans cette région du Sahel. Les puits existants sont hors d’usage pour certains et la pluie est de plus en plus rare. Simon nous précisera après la projection qu’aujourd’hui, là où il y avait plus de 320 vaches, chèvres etc. en 2014. Il ne reste plus qu’une quarantaine de têtes de bétail. Sécheresse et terrorisme se conjuguent pour anéantir les villages et les populations de cette région.
Là encore, dans ce film, Simon Panay se laisse guider par les propos des gens du village,
– les anciens qui ont connu les affres de la colonisation,
– les femmes qui donnent la vie au village en cherchant l’eau et en cultivant ce qu’il reste de terre cultivable et qui s’efforcent d’élever leurs nombreux enfants pour qu’ils aient un sort meilleur et qu’ils entrent à l’école,
– les jeunes entre l’école, le collège pour les plus chanceux et le désœuvrement source de révolte,
– enfin les hommes en pleine force de l’âge qui sont ailleurs… en ville… à l’étranger… à la recherche d’un avenir meilleur pour eux et pour leur famille.
2/ Le second temps de la soirée a été consacré à un buffet où les participants ont pu se rencontrer et échanger sur le film, sur le Mali, sur l’Afrique, sur les activités de l’association et sur bien d’autres sujets encore. Après les périodes de confinement que nous avons tous vécues ces moments de retrouvailles nous permettent de goûter à nouveau à cette indispensable convivialité qui fait le ciment de toutes nos actions collectives.
3/ Le troisième temps de la soirée a permis à Jean-Paul Pin de présenter les actions de solidarité engagées depuis plusieurs années par La Toguna. La situation sanitaire et la guerre malheureusement posent de graves questions sur l’avenir et empêchent toute relation directe avec les amis de la Toguna au Mali.
Nous avons eu ensuite l’occasion d’entendre et d’apprécier dans la belle salle de spectacle de Cuisery le chanteur-conteur Ze Jam Afane, originaire du Cameroun, associé à Clément Janinet, un musicien particulièrement créatif, excellent violoniste ayant ses racines en Saône-et-Loire et bien connu des adhérents de la Toguna.
Les deux artistes étaient réunis sous le vocable poétique « La chamade du tambourinaire battant ».
Vous trouverez ci-après une vidéo You Tube présentant une création musicale des deux artistes.
FORUM POPSU – TERRITOIRES LE 9 NOVEMBRE 2021 À PARIS
Cette journée a réuni plus de 300 participants sur place, à la Cité de l’Architecture et à distance sous forme de web-conférence. Elle a été l’occasion de faire un bilan des avancées des « petites villes de demain » dans les différentes initiatives locales de recherche-action du programme POPSU – TERRITOIRES réunissant les acteurs locaux, les élus et les chercheurs en provenance de différents organismes de recherche. Tournugeois Vivant était représenté par Céline Braillon et Gérard Morin, tous deux membres du Conseil d’Administration. Jean-Paul Pin, conseiller municipal et Bertrand Veau, maire de Tournus représentaient la Ville.
La matinée a débuté par un discours d’accueil de Catherine Chevillot, Présidente de la Cité de l’Architecture qui a dévoilé notamment l’ambition qu’a son institution d’organiser des expositions temporaires sur l’ensemble des territoires, alimentées par des œuvres de grande qualité qui sont entreposées dans les salles de conservation du Musée de l’architecture. Nul doute que plusieurs petites villes manifesteront de l’intérêt pour ce type d’expositions temporaires.
La conférence introductive d’Hélène Reignier, professeure à l’Université d’Aix-Marseille et Responsable scientifique du programme Popsu-Territoires avait pour thème « L’expertise territoriale dans tous ses états ».
Tout de suite après, c’était à l’équipe de Tournus et plus particulièrement à Bertrand Veau, maire et à Matthieu Duboys de Labarre, chercheur à l’INRA de présenter les résultats de la recherche-action qui a été conduite pendant plus de deux ans avec deux autres universitaires, Dany Lapostolle et Gaëtan Mangin du Living Lab de Dijon et un nombre importants d’acteurs locaux.
Le film de l’agence Capa, réalisé par Delphine Coutin a présenté de manière synthétique les actions sur le terrain qui ont contribué à la démocratie alimentaire pendant la durée du programme Popsu.
Ce film est visible actuellement sur le site : http://extranet.capaentreprises.com/p/84e2d5af69
Il sera ensuite possible de le visionner sur You Tube.
Voici quelques photos extraites du film montrant des actions entreprises sur le territoire.
Nous mettrons à votre disposition des informations plus détaillées sur ce Forum dans les jours à venir.
G.M.
VILLAGES DU FUTUR : REUNION DES REPRESENTANTS DES 9 VILLAGES À DIJON
Jeudi 4 novembre était organisée à Dijon, au Conseil Régional BFC, une grande réunion à laquelle étaient conviés les représentants des 9 villages lauréats (élus et habitants), des représentants des cabinets d’assistance à la maîtrise d’ouvrage (AMO), des représentants du Living Lab de la Maison des Sciences de l’Homme de Dijon qui accompagne scientifiquement et des cadres des services de la Région BFC.
Les 9 villages représentés sont :
- pour le Doubs : PREMIER SAPIN, 1570 habitants, et TOUILLON-ET-LOUTELET, 282 habitants.
- pour le Jura : DOMBLANS ,1250 habitants
- pour la Nièvre : DONZY, 1600 habitants
- pour l’Yonne : CHATEL-CENSOIR, 640 habitants
- pour la Côte d’Or : ALISE SAINTE REINE, 579 habitants
- pour le Territoire de Belfort : LA CHAPELLE-SOUS-ROUGEMENT, 580 habitants
- pour la Haute Saône : LOULANS-VERCHAMP, 450 habitants
- pour la Saône et Loire : MANCEY, 404 habitants.
Point important : 6 de ces villages ont moins de 700 habitants.
Les participants ont été accueillis par Eric Houlley, vice-président en charge notamment de la cohésion territoriale et des ruralités et Jamilah Habsaoui, conseillère régionale membre de la Commission en charge notamment du développement des territoires.
La matinée a commencé par un atelier d’échanges entre les participants sur leur vécu des premiers mois de Villages du Futur. Les participants à l’évidence étaient satisfaits de pouvoir échanger entre eux.
Pendant la séance plénière qui a suivi, un bref panorama de l’état d’avancement des projets dans les 9 villages a été dressé par Sylvain Riffard, directeur adjoint de l’Aménagement du territoire au Conseil Régional.
A cette occasion il a été rappelé par Eric Houlley que l’assistance à maîtrise d’ouvrage prendrait fin au deuxième semestre 2022, mais que Villages du Futur était une démarche qui s’inscrivait sur la durée de la mandature
Ensuite, la parole a été donnée à la salle. Pour Mancey sont successivement intervenus Pierre Zarka, Gérard Morin, habitants de Mancey participant à l’Assemblée des Habitants et Frédérique Gagnol, membre du Conseil municipal de Mancey. La délégation mancéenne comprenait également Françoise Bernard, 1ère adjointe, et Josiane Zarka (ADH).
En réponse aux questions posées concernant les règles fixées par le PLUi et l’existence de « deux poids deux mesures » selon la taille des projets, notamment en matière d’artificialisation des sols, Eric Houlley a rappelé que l’aménagement du territoire était régi par des règles fixées :
- dans le Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SRADDET), document de planification qui précise la stratégie, les objectifs et les règles fixés par la Région dans plusieurs domaines de l’aménagement du territoire
- et dans le Schéma de Cohérence Territorial (SCOT), document de planification stratégique à long terme (environ 20 ans) à l’échelle d’un grand bassin de vie ou d’un bassin d’emplois, créé par la loi, dans le quel doivent s’inscrire les PLUi.
En matière d’urbanisme, il a rappelé la nécessité d’un juste équilibre entre un bourg-centre indispensable pour le développement du territoire intercommunal et les besoins en équipements des villages ruraux.
Concernant l’expertise technique et financière nécessaire à l’aboutissement des projets, Sylvain Riffard et Eric Houlley ont précisé que la Région mettrait à disposition des compétences techniques et financières pour qu’ils puissent aboutir et que le Conseil régional serait très attentif au devenir des projets élaborés dans le cadre de « Villages du Futur ».
En deuxième partie de la matinée ont été organisés des ateliers ayant pour thèmes, au choix :
1/ La participation citoyenne
- Ressenti et vécu sur les premiers temps
- Attentes sur la mobilisation et la participation des habitants
- Premiers enseignements : quels apports sur la vision du village, les projets
- Définition(s) de la participation : sens et finalité
2/ La projection dans le futur
- Impressions sur la capacité à se projeter dans le futur : quels sont les horizons pour les projets ?
- Penser le futur avec les acteurs du futur : place des jeunes dans la démarche, impressions, ressentis, difficultés, première expérience sur le sujet.
- Premier regard sur les évolutions de la gouvernance communale et sur la citoyenneté à l’avenir
Le constat a été fait que chaque commune avait sa spécificité et que les projets n’avançaient pas au même rythme. La participation des habitants était également différenciée selon le contexte.
Certains élus manquant de visibilité ont évoqué la possibilité de se retrouver pour réfléchir ensemble sur la démarche.
La question a été posée enfin de former un réseau de Villages du Futur en Bourgogne-Franche- Comté et de programmer des rencontres physiques à deux ou trois villages.