Ce samedi 13 novembre l’association « la Toguna » organisait une soirée publique en 3 temps, animée par Jean-Paul Pin :
1/ Facettes de l’Afrique
Nous avons assisté à la projection de 2 films documentaires du réalisateur Simon Panay, originaire de Sologny en Saône-et-Loire, qui était présent dans la salle pour répondre aux questions des spectateurs.
– Le premier film intitulé « Ici personne ne meurt » a été tourné dans le nord du Bénin dans la mine d’or, officieuse, de Perma. Parmi les personnages réels du film, il y a ceux qui rêvent de trouver de l’or et ceux qui se sont rendu compte qu’il n’y avait rien à trouver. Il y a ceux qui creusent dans la mine dans l’espoir de devenir riches et ceux qui sont morts en pensant devenir riches. Et puis il y a les autres qui disent qu’ici, personne ne meurt.
La qualité des images est remarquable et le film contient un vrai élan qui fait que notre attention est permanente. Diversité des acteurs locaux, diversité de points de vue incarnant un récit séculaire entre ceux qui possèdent et qui exploitent, et ceux qui travaillent comme des bêtes, portés par leur imaginaire et par leur croyance en un Dieu omniprésent qui à la fois explique et justifie toutes les souffrances, tous les abus.
Pour Sylvain Ménard (Ciné Ma Radio) : « On aura compris qu’au-delà du sujet du film, l’orpaillage et les gens qui risquent leur vie, le réalisateur accompagne ces gens, les observe et les met en scène, leur donnant librement la parole. De ces discussions ressortent ces deux éléments que sont : la mort et l’absence de mort, cette « non disparition », vécue comme une fatalité ; et dans le même temps cette possibilité (quand bien même elle les mènerait à la mort) de gagner leur vie, même dans des conditions extrêmes et au péril de cette dernière ! »
Simplicité des propos, simplicité de ceux qui s’expriment tout au long de ce film qui nous interpelle et en tout cas qui donne un sens aux engagements des associations comme La Toguna.
Ce film a été présenté dans 320 festivals, dans 70 pays à travers le monde. Il a obtenu de nombreuses récompenses.
– Le second documentaire du même réalisateur intitulé « Waiting for the (t)rain » a pour sujet la vie d’un petit village perdu dans un désert de poussière, dans la brousse du Burkina Faso au milieu du royaume Mossi. À quelques pas du village passe le train de la ligne Bolloré Abidjan- Ouagadougou, deux fois par semaine.
Lors d’un voyage en train entre Bobo Dioulasso et Ouaga, le réalisateur qui venait de terminer son premier documentaire au Burkina a été intrigué par le fait qu’au moment où le train traverse la brousse du plateau Mossi, à proximité d’un village, les voyageurs se mettent à jeter par les fenêtres des bouteilles d’eau et des fruits, préalablement achetés en Cote d’Ivoire ou à Bobo. En fait, cette pratique constitue le principal revenu de ce village et l’unique ressource en eau pendant la saison sèche.
L’eau est en effet de plus en plus rare dans cette région du Sahel. Les puits existants sont hors d’usage pour certains et la pluie est de plus en plus rare. Simon nous précisera après la projection qu’aujourd’hui, là où il y avait plus de 320 vaches, chèvres etc. en 2014. Il ne reste plus qu’une quarantaine de têtes de bétail. Sécheresse et terrorisme se conjuguent pour anéantir les villages et les populations de cette région.
Là encore, dans ce film, Simon Panay se laisse guider par les propos des gens du village,
– les anciens qui ont connu les affres de la colonisation,
– les femmes qui donnent la vie au village en cherchant l’eau et en cultivant ce qu’il reste de terre cultivable et qui s’efforcent d’élever leurs nombreux enfants pour qu’ils aient un sort meilleur et qu’ils entrent à l’école,
– les jeunes entre l’école, le collège pour les plus chanceux et le désœuvrement source de révolte,
– enfin les hommes en pleine force de l’âge qui sont ailleurs… en ville… à l’étranger… à la recherche d’un avenir meilleur pour eux et pour leur famille.
2/ Le second temps de la soirée a été consacré à un buffet où les participants ont pu se rencontrer et échanger sur le film, sur le Mali, sur l’Afrique, sur les activités de l’association et sur bien d’autres sujets encore. Après les périodes de confinement que nous avons tous vécues ces moments de retrouvailles nous permettent de goûter à nouveau à cette indispensable convivialité qui fait le ciment de toutes nos actions collectives.
3/ Le troisième temps de la soirée a permis à Jean-Paul Pin de présenter les actions de solidarité engagées depuis plusieurs années par La Toguna. La situation sanitaire et la guerre malheureusement posent de graves questions sur l’avenir et empêchent toute relation directe avec les amis de la Toguna au Mali.
Nous avons eu ensuite l’occasion d’entendre et d’apprécier dans la belle salle de spectacle de Cuisery le chanteur-conteur Ze Jam Afane, originaire du Cameroun, associé à Clément Janinet, un musicien particulièrement créatif, excellent violoniste ayant ses racines en Saône-et-Loire et bien connu des adhérents de la Toguna.
Les deux artistes étaient réunis sous le vocable poétique « La chamade du tambourinaire battant ».
Vous trouverez ci-après une vidéo You Tube présentant une création musicale des deux artistes.