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ON A PARLE DE DEMOCRATIE PARTICIPATIVE HIER A MACON

Ce jeudi 18 novembre l’Université populaire de Mâcon organisait à la MJC Héritan une  conférence de Fernand Karagiannis, ancien élu de Saillans, intitulée « Voter et après ».

Chacun sait qu’à Saillans, village de 1240 habitants, situé dans la Drôme entre Crest et Die, les habitants ont conduit une expérience de démocratie participative locale entre 2014 et 2020. Au départ un projet de supermarché menaçait le « bien vivre au pays ». Le maire était pour, les habitants contre. Des citoyens se sont présentés aux élections municipales. Leur liste a gagné et, depuis, la révolution participative est en marche. L’analogie avec Tournus et le combat de Tournugeois Vivant contre l’implantation d’une zone commerciale et d’un hypermarché Leclerc au Nord de la ville, est plus qu’évidente. D’ailleurs des liens avaient été noués entre la nouvelle municipalité de Tournus et celle de Saillans. Analogie aussi avec Mancey, village de 400 habitants situé à 5 km à l’ouest de Tournus, qui s’est doté d’une Assemblée des Habitants depuis 2016. L’un des habitants de Mancey a décrit brièvement le projet de démocratie locale à Mancey et a rappelé que ce village a été choisi par la Région BFC comme « Village du Futur ».

Fernand Karagiannis a détaillé devant l’auditoire les différentes étapes du projet de démocratie locale de Saillans.

Il a d’abord présenté un schéma du fonctionnement de la participation citoyenne :

 

Il a insisté sur 3 éléments de base :

1/ Collégialité dans le fonctionnement municipal avec une forte participation des habitants.

    • des compétences et des indemnités réparties
    • des responsabilités exercée en binômes pour éviter toute prise de pouvoir
    • un comité de pilotage public
    • des outils de travail collaboratifs (site Internet, moyens informatiques et méthodologiques)

2/ Co-construction des projets municipaux avec les habitants

Les habitants peuvent s’impliquer et donner leur avis sur la gestion communale

    • des Groupes Action Projet
    • un dispositif de votations et sondages de la population
    • des commissions participatives sur différents thèmes, animées par des élus « référent », qui se réunissent une fois par an et envisagent des actions à mener dans la commune pour chacun des domaines ci-dessous :
      • enfance, jeunesse, éducation,
      • associations, sports, culture et patrimoine,
      • vivre longtemps au village, santé et action sociale
      • environnement, énergie et mobilité
      • finances et budget
      • transparence et information
    • l‘observatoire de la participation, instance chargée d’étudier la forme des dossiers à laquelle participaient une douzaine d’habitants et d’habitantes volontaires. Objectif : acter d’une véritable participation citoyenne dans les faits.
      • veille sur l’implication citoyenne
      • rôle de formation des animateurs (mise à disposition d’un chargé de mission financé par la Fondation de France)
      • organisation de réunions de quartiers
      • essaimage de la démocratie citoyenne
      • propositions d’innovation en matière de participation citoyenne : par exemple comité de pilotage citoyen (12 habitants tirés au sort, 4 élus, 2 agents

3/ Transparence : 3e pilier de la gouvernance

        • des comptes rendus de toutes les réunions
        • des lettres d’information municipale
        • un site internet
        • des panneaux d’information de quartier

Parmi les dossiers importants qu’ont eu a traiter élus et habitants à Saillans, le projet de Plan Local d’Urbanisme est celui qui a déclenché le plus de débats et qui a nécessité le plus d’énergie.

UN DOSSIER IMPORTANT : LE PLU

L’IMPACT DU PROJET DE PARTICIPATION CITOYENNE A SAILLANS

Précisons que la liste de Fernand Karagiannis n’a perdu les dernières élections municipales qu’avec 18 voix d’écart.

Aujourd’hui  une associations s’est constituée pour faire perdurer cette belle participation citoyenne.

CINE-DEBAT TRES INTÉRESSANT A LA PALETTE : AUTOUR DU FILM « DOUCE FRANCE »

Mardi 16 novembre un ciné-débat a été organisé au cinéma municipal « La Palette » autour de l’excellent film de Geoffrey Couanon intitulé « Douce France ».

Cette projection était organisée par la ville de Tournus, Tournugeois Vivant et Economie Solidarité Partage, avec la participation d’autres associations œuvrant pour une alimentation saine et locale : Terre de Liens, La Cagnotte Solidaire, Semeurs du Possible, AMAP, le SEL… et Cinémascotte. Line Pageaud, conseillère municipale, 2ème adjointe, a prononcé quelques mots d’accueil.

Ce ciné-débat animé par Céline Braillon s’inscrit dans la démarche de développement d’une alimentation saine sur le territoire qui s’est incarnée principalement dans le programme national POPSU Territoires.

Synopsis du film

 Amina, Sami et Jennyfer sont lycéens en banlieue parisienne, dans le 93.
Avec leur classe, ils se lancent dans une enquête inattendue sur un gigantesque projet de parc de loisirs intitulé EuropaCity sur 280 hectares, qui implique d’urbaniser les terres agricoles proches de chez eux.

Le projet prévoit initialement l’implantation de 500 boutiques, une piste de ski, un parc aquatique… La fréquentation espérée est de 30 millions de visiteurs/an.

Une des questions posées par le film est : a-t-on le pouvoir d’agir sur son territoire quand on a 17 ans ?
Drôles et intrépides, ces jeunes citoyens mènent l’enquête. Ils rencontrent des habitants de leur quartier, des commerçants, des promoteurs immobiliers, des agriculteurs et même des élus à l’Assemblée Nationale.
« Une quête réjouissante qui bouscule les idées reçues et ravive notre lien à la terre ! »

Trois groupes d’élèves du Lycée Horticole et du Paysage de Tournus avec leur professeure Nathalie Betry ont préparé le débat. Qu’ils en soient vivement remerciés.

 

Le premier groupe a présenté un travail de réflexion sur les avantages et inconvénients du projet Europa City, et chaque élève a livré ses impressions personnelles.

Le second groupe a réalisé un « retour à chaud » après la projection du film :

  • la diversité des points de vue exprimés a été appréciée,
  • des élèves sont surpris par ceux qui, dans le film, pensent que la biodiversité ça n’est pas important,
  • la vision de la vie des élèves dans le film permet de mieux comprendre leur point de vue : « comment leur point de vue a évolué au cours du film, les échanges avec leurs parents, avec des acteurs du projet »,
  • le fait que des jeunes soient contre le projet et qu’ils cherchent à « protéger l’écologie » est surprenant,
  • le fait également que les travaux de forage aient commencé avant même que le projet soit validé.
  • le film a permis aux élèves de rencontrer beaucoup d’acteurs, agriculteurs, Amap, directeur de centre commercial, responsable du projet EuropaCity, associations opposées au projet, également des députés à l’Assemblée Nationale. Ils ont pu se forger un avis grâce à l’enquête qu’ils ont menée auprès de personnes qui savent de quoi elles parlent. Ils ont réfléchi également à partir de ce qu’ils ont vu eux-mêmes. C’est ce que groupe d’élèves de Tournus a retenu du film.

Enfin le troisième groupe a posé des questions pertinentes pour lancer le débat avec la salle.

  • Est-ce que le lieu de vie impacte la perception de ce projet ?

Les interventions dans la salle ont confirmé que le lieu de vie avait un impact important sur la perception du projet. Selon qu’on habite une très grande ville ou un village à la campagne, les réactions diffèrent. Le rapport à la terre est différent selon qu’on habite une ville de banlieue parisienne comme Gonesse ou un village de Saône et Loire.

Problème à multiples facettes, lié aux générations, à la culture, à l’éducation.

  • Est-ce que le respect de l’environnement c’est important ?

Oui, mais aussi plus largement l’imbrication des enjeux économiques et sociaux aux enjeux écologiques

  • Est-ce que le public a évolué entre le début et la fin du film ?

On peut déjà se poser la question de l’évolution du point de vue des élèves dans le film.

Ces élèves ont eu de la chance de pouvoir rencontrer les différents acteurs du projet. « Cette chance vous les jeunes ici présents vous l’avez, nous l‘avons tous. Il faut chercher à s’informer. Vous serez acteurs du monde de demain seulement si vous savez, si vous avez la connaissance, comme le montre ce film. »

L’important a été le travail d’enquête conduit par les jeunes et leurs professeurs. Avant d’aborder un sujet, il est essentiel de s’informer.

Comment s’informer ? En enquêtant sur le terrain auprès des acteurs concernés aussi bien les promoteurs du prêt que ceux qui auront à en subir les conséquences.

Au fur et à mesure du déroulement de l’enquête sur le terrain, des rencontres, des échanges avec les parents et des échanges au sein de leur classe, on observe une évolution des points de vue des jeunes dans le film.

Un intervenant a souligné l’importance de l’école et le rôle des enseignants. Le film est un bel exemple du boulot qu’ont fait les enseignants dans le film et sur le territoire.

Dans la salle on a rappelé l’importance de ce travail d’enquête. Ce même type de travail qui a été mené pour s’opposer au projet d’un hypermarché Leclerc en zone Nord de Tournus. De nombreux acteurs et personnes impactées par ce projet ont été interrogés. Les acteurs politiques et économiques ont été enquêtés, les médias se sont emparés de la question. Ce travail a permis aux opposants regroupés au sein de Tournugeois Vivant de contrer le projet défendu par la ville de Tournus à l’époque et par un promoteur privé.

Le projet Eclat de parc historique à Tournus a été évoqué dans la salle, certains élèves ne sont pas au courant. L’absence d’information du public a été soulignée.

S’agissant du projet EuropaCity, le dossier n’est pas clos. Le projet de construction d’une gare RER en plein champ est maintenu et qui dit gare dit activités économiques et logements à proximité. Une association CARPA s’est créée.

  • Est-il possible de faire coexister un projet d’agriculture paysanne et le projet EuropaCity sur le même territoire occupé aujourd’hui par des terres agricoles ?

Un intervenant a précisé que ce n’était pas possible, car les deux logiques s’opposent. L’une s’appuie sur la qualité de la production agricole, sur la nécessité de nourrir les populations urbaines et sur le respect de la biodiversité, l’autre est strictement financière, elle consiste pour les promoteurs privés du projet (Auchan et le groupe chinois Wanda…) à rentabiliser au maximum un investissement de 3,1 milliards d’€.

En novembre 2019, le projet EuropaCity a été abandonné par les pouvoirs publics. Mais le projet de construction d’une gare RER au milieu des champs est maintenu !

Un projet agricole de l’association Carma propose l’installation sur le site du triangle de Gonesse d’activités maraîchères et horticoles, dans une dynamique de circuits courts. « Il faut protéger ces terres » qui peuvent devenir « une vitrine aux portes de Paris » et « le monde de la transition écologique est prêt » à s’y investir précise CARMA.

A noter qu’il y a également un projet de Zac de 110 hectares pour accueillir des équipements publics et des projets allant de l’industrie à « l’agriculture urbaine ». (Note de TV)

G.M., C.B.